Naissance

20/12/2015 21:42

Je ne vois rien, hormis une lumière diffuse et rosée qui semble légèrement pulser, veinée de rouge pâle.

j'ai l'impression de flotter dans un silence feutré, uniquement rythmé par de lents et sourds battements.

Je me sens protégé(e), je ne sais pas encore si je suis une fille ou un garçon, cela viendra. Je suis encore imparfait(e), infini(e), je ne respire pas, mes poumons ne se déploieront qu'à l'extérieur.

Il est presque incongru de penser tandis que la seule chose me reliant à la vie est un cordon, argenté dans la pénombre... Mais suis-je vraiment conscient(e) ?

Il fait battre mon cœur, lentement ou rapidement selon mes émotions. C'est si calme, si paisible, je suis bien ici, depuis que ma première sensation s'est formée... sécurité...

Je pose mes mains contre la parois de ce qui forme mon monde et ressent mes doigts gourds et liés, ressent la douceur de cette limite. je pousse doucement contre celle-ci et le fluide me berçant s'agite alors qu'une vague de bien-être me traverse, faisant se soulever le coin de mes lèvres.

je ne sais depuis combien de temps je suis ici, je n'en ai pas la notion, mais je sens mes doigts peu à peu se séparer les uns des autres, leur translucidité altérée par un phénomène étrange et désagréable mais qui me permet de les bouger plus librement.

Je sais à présent que je suis une fille, tout mon corps me le crie. Mon monde change petit à petit, je m'éloigne de cette lumière et je m'agite, j'ai un peu peur.

Ma tête s'est posée contre quelque chose de doux qui se contracte parfois, et de plus en plus souvent.

Depuis un certain temps, des sons me parviennent de l'extérieur, des sons doux et mélodieux et une voix, plus chaude, rassurante...je ne veux pas sortir, je suis bien ici.

Le fluide me servant de berceau semble s'enfuir, je l'ai remarqué quand je me suis réveillée, et je me retrouve finalement dans une humidité sombre mais encore agréable.

Quelque chose est en train de se passer, c'est comme si mon monde me rejetait, me poussait vers l'extérieur. ma tête semble glisser lentement, par à-coups alors que ce lieu où elle s'était posée se dérobe. La sensation du cordon contre mes jambes est désagréable et j'ai l'impression qu'à force de frotter ma tête se plisse un peu.

J'ai fermé les yeux mais alors que ce moment se termine enfin et que mes jambes s'échappent de ce lieu si douillet, je les ouvres, aveuglée par une lumière intense qui me fait un peu mal mais qui est si chaude...

Je hoquète soudain, prenant ma première inspiration, qui, presque douloureuse me fit pousser un cri, le premier. Puis j'inspire et expire plusieurs fois alors que des larmes coulent sur mon visage rougi.

On me soulève et on me nettoie avant de me poser dans un lieu chaud et rassurant. A nouveau je me sens en sécurité. Je lève la tête et croise de mes yeux bleu un regard brun, un regard plein d'amour et de tendresse...

Maman...